Le temps (slam)
J'ai écrit ce texte pour mon cinquantième anniversaire… Eh oui, le temps passe.
Il t’entraine
il te gène
il t’enchaîne
il te saigne
il te roule
il te foule
le temps…
il t’entend
te surprend
il te tend
Il te prend
il t’enroule
il te saoule
le temps…
tu as beau te déguiser
il saura te retrouver
te planquer dans tous les trous
il te fera devenir fou
il te traque
te détraque
toi tu craques
il te claque
il t’allonge
il te ronge
le temps…
il te porte
te déporte
il t’emporte
te transporte
il t’arrache
il te lâche
le temps…
tu as beau te démener
et lui faire des pieds de nez
prendre tes jambes à ton cou
et vouloir lui tordre le cou
il te stress
il te presse
il te dresse
il t’oppresse
il t’étouffe
te rend louff
le temps…
il te chasse
il te glace
il t’efface
Te fracasse
il t’achète
il te jette
le temps…
si tu veux brouiller les cartes
et croire qu’une fois il s’écarte
il te faut faire beaucoup mieux
car c’est lui qui tient le jeu
il te cogne
il te rogne
il te donne
il te sonne
il te touche
il te couche
le temps…
il te ceint
il t’étreint
tu le crains
il te tient
il t’enrage
te rend sage
le temps…
tu as beau poser des leurs
tu s’ra toujours à son heure
et même si tu es riche
avec lui personne ne triche
tu le fui
Il te suit
tu le pries
il te lie
il t’empoigne
il t’éloigne
le temps…
il te mange
te dérange
il te range
te mélange
il te serre
il t’enserre
le temps…
Tu as beau te retourner
il sera à tes côtés
même si tu fais demi tour
tu ne perdras pas ton tour
il t’entraine
il te gène
il t’enchaîne
il te saigne
il te roule
il te foule
le temps…
il te forme
te transforme
te déforme
te réforme
il t’enroule
il te saoule
le temps…
Mais quand l’amour prend place…
alors là… il s’efface…
le temps…
Prenez le temps de le voir passer sur cette magnifique vidéo :
La première séance
La lumière arrive déjà
mon cordon n’est pas coupé
je sors juste de son sein
on m’appelle nouveau-né
j’étais si bien dans mon bain
j’ai pas fini de brailler
pourtant moi j’ai de la chance
je suis né ici en France
dans ce beau pays de liberté
je n’connaîtrai pas la faim
alors pourquoi donc pleurer
je crie merci au destin
de m’avoir ainsi créé
pour ce fabuleux voyage
c’est encore mieux que rêver
d’autres n’auront pas cette chance
ils connaîtront la souffrance
pour ne pas être né où je suis né
Merci, merci, merci la vie
de pouvoir bien manger
merci, merci merci la vie
de pouvoir s’éclater… s’éclater
Je n’s’rai jamais solitaire
je s’rai toujours bien veillé
c’est pourtant une belle folie
que d’élever un nouveau-né
je dis merci à ma mère
et mon père qui vont m’él’ver
d’autres n’auront pas ma chance
de n’connaître que l’insouciance
de l’enfant qui toujours est aimé
Merci, merci, merci la vie
de pouvoir rigoler
merci, merci merci la vie
que de pouvoir aimer … aimer
La lumière est là déjà
mon cordon à peine coupé
je sors juste de son sein
on m’appellera André
mais j’commence à avoir faim
j’en finis pas de gueuler
c’est ma toute première séance
je vais me remplir la panse
c’est si bon la première tétée.
c’est ma toute première séance
je vais me remplir la panse
c’est si bon la première tétée.…
Les Djinns
Un texte remarquable de Victor Hugo - Si vous connaissez, vous ferez sûrement, comme moi, le rapprochement avec Une nuit sur le Mont Chauve, extrait de Fantasia de Walt Disney sur la magnifique musique de Modeste Moussorgski :
Murs,
ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !
La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,
Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !
Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !
Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !
De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit
Victor HUGO - Extrait de "Les Orientales", publié en 1829
Petit coup de gueule contre l'indifférence et la connerie !
"i"
Le monde est-il à ce point perverti
que chaque homme, en chaque homme, voit un ennemi
L’indifférence en égérie
La différence est sans abri
L’amour ne se trouve plus de lit
lis ne serrent dans leurs draps que des égoïstes aigris
Quand tout sera cassé quand tout sera détruit
Lorsque les rêves eux-mêmes seront évanouis
Bonté et charité clouées au pilori
Il sera bien trop tard, tout sera bien fini
Il n'y aura même plus de point à mettre sur les i